Troubles respiratoires du sommeil

Syndromes d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS)

Définition

Les syndromes d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) surviennent lorsque les efforts respiratoires ne parviennent pas (apnée), ou pas totalement (hypopnée), à lutter contre l’obstruction mécanique des voies aériennes supérieures durant le sommeil.

Quelles sont les causes de l’obstruction ?

Les causes sont à la fois mécaniques et neuromusculaires.

Des prédispositions telles qu’une langue épaisse, une luette allongée, une cloison nasale déviée, de grosses amygdales ou végétations, un recul mandibulaire, un surpoids peuvent diminuer mécaniquement le calibre des voies aériennes supérieures.

Si ces facteurs ont peu de conséquences en phase d’éveil, la situation est différente lors du sommeil. En effet la position allongée sur le dos associée à une diminution du tonus musculaire peut dans ces conditions compromettre le passage de l’air.

Quelles sont les conséquences du SAHOS ?

Les diminutions, voire interruptions, de la ventilation durant le sommeil sont responsables d’un manque d’oxygénation du cerveau et de micro réveils. A terme les conséquences sont nombreuses et problématiques : somnolence diurne, troubles de la mémoire et de l’attention, baisse de la libido, hyperactivité chez l’enfant…

Les risques d’accident de travail, de la route, de dépression, d’accident cardio-vasculaire sont majorés en cas de SAHOS non traité.

Qui est concerné ?

Enfants, adolescents, adultes, séniors, hommes, femmes, toute la population est susceptible d’être porteuse d’un SAHOS !

Environ 5% de la population générale souffre d’un SAHOS, avec une disparité entre hommes et femmes, celles-ci étant moins touchées.

Chez l’enfant, le nombre « d’apnéistes » est estimé entre 1 et 4%, avec des pics entre 2 et 8 ans, puis à l’adolescence, entre 12 et 16 ans.

Comment le diagnostic de SAHOS est-il posé ?

Le diagnostic est médical et repose sur plusieurs éléments.

Plusieurs critères sont recherchés chez l’adulte:

  • Une somnolence diurne excessive non expliquée par d’autres facteurs
  • ou deux au moins des critères suivants non expliqués par d’autres facteurs :
    • Ronflements sévères et quotidiens,
    • Sensations d’étouffement ou de suffocation pendant le sommeil,
    • Sommeil non réparateur,
    • Fatigue diurne,
    • Difficultés de concentration,
    • Nycturie (plus d’une miction par nuit).
  • et des critères objectifs mesurés durant le sommeil : 5 ou plus apnées/hypopnées par heure de sommeil (index d’apnées hypopnées IAH ≥ 5).

Chez l’enfant le diagnostic est principalement clinique:

Devant des signes évocateurs de SAHOS, une interaction entre médecin traitant, pneumo-pédiatre, ORL et orthodontiste permet de poser le diagnostic et d’orienter le traitement. Il peut y avoir recours à l’enregistrement du sommeil.

Les signes évocateurs sont nocturnes (ronflement, respiration buccale, sommeil agité, réveils fréquents, transpiration, énurésie…) et diurnes (fatigue, respiration buccale, sautes d’humeur, agitation, troubles de la concentration, des apprentissages).

Quelles sont les possibilités de traitement ?

Les attitudes thérapeutiques sont différentes selon l’âge.

Chez l’adulte

Une première approche dans les SAHOS légers à modérés est l’adoption d’une position de sommeil sur le côté, qui permet de diminuer les symptômes.

Pour les apnées sévères, le traitement de référence est la Pression Positive Continue (PPC). Son principe est de maintenir dans les voies aériennes supérieures une pression constante qui va jouer le rôle d’un « tuteur » empêchant leur collapsus.

Une alternative possible à la PPC est la confection d’une orthèse qui va dégager mécaniquement le pharynx en forçant l’avancée de la mandibule. Bien que moins efficace dans l’absolu que le traitement par PPC, cette Orthèse d’Avancée Mandibulaire (OAM) rendra dans certaines situations un service équivalent grâce à une meilleure observance.

Des traitements novateurs s’intéressent à la stimulation électrique du muscle génio-glosse. Un dispositif implantable couplé au rythme respiratoire va stimuler ce muscle qui tracte le larynx et ouvre les voies aériennes supérieures.

Des chirurgies visent à réduire l’obstacle mécanique. Elles peuvent concerner le voile du palais, les amygdales, les fosses nasales, le maxillaire et la mandibule.

En cas de surpoids, la réduction pondérale va diminuer le nombre d’apnées. Dans de nombreux cas la chirurgie bariatrique permet même une guérison du SAHOS.

La kinésithérapie a fait la preuve de son efficacité (voir la page bibliographie) dans les SAHOS légers à modérés. L’objectif principal de la rééducation est dans ce cas de tonifier la musculature oro-pharyngée.

L’obtention d’une ventilation nasale va également favoriser le traitement par PPC.

Le kinésithérapeute participe au « coaching » en encourageant l’activité physique.

Les recommandations pour la pratique clinique dans les SAHOS de l’adulte sont disponibles sur le site de la SPLF. Vous trouverez également des articles en accès libre à la page bibliographie.

Chez l’enfant

En première intention, le traitement est généralement conduit par l’ORL.

L’approche peut être chirurgicale afin de lever l’obstacle mécanique à l’obstruction: amygdalectomie, adénoïdectomie (« végétations »), parfois turbinoplastie. Un traitement médicamenteux complémentaire peut également lutter contre l’inflammation de la sphère ORL: anti-inflammatoires locaux, anti-allergiques.

Le traitement d’orthopédie dento-faciale permet de stimuler la croissance de l’arcade dentaire supérieure, du palais osseux et du plancher des fosses nasales . On augmente ainsi, grâce à un disjoncteur, le diamètre transversal des voies aériennes supérieures.

Une autre orthèse peut être proposée, afin de dégager mécaniquement le pharynx en forçant l’avancée de la mandibule.

Dans l’attente d’une chirurgie ORL, un appareil délivrant une pression positive continue (PPC) durant le sommeil peut être proposé.

Quel que soit le traitement entrepris, il vise à modifier la structure des voies aériennes supérieures. La kinésithérapie va donc compléter les approches médicales ou chirurgicales en rééduquant les fonctions par une approche neuro-musculaire. Son objectif principal est d’obtenir une ventilation nasale. Ce type de ventilation va permettre le bon développement des voies aériennes supérieures (voir le chapitre sur la croissance faciale).

Vous pouvez aller plus loin en consultant l’article de Julia Cohen-Levy sur les stratégies thérapeutiques chez l’enfant ici (blog du réseau morphée).

Dans tous les cas

Quel que soit l’âge ou le traitement entrepris, il est primordial d’adopter une bonne hygiène de vie: une activité physique régulière et une alimentation équilibrée diminueront les symptômes du SAHOS. Chez l’adulte, une modération vis à vis de la consommation d’alcool est nécessaire.

Quel est l’intérêt de la kinésithérapie ?

Le kinésithérapeute va intervenir pour

  • Corriger la posture linguale et donc favoriser la croissance maxillo-faciale chez l’enfant,
  • Obtenir une ventilation naso-nasale, nécessaire à la bonne croissance des voies aériennes supérieures chez l’enfant, et au succès du traitement par PPC chez l’adulte,
  • Améliorer le tonus de la musculature oro-pharyngée,
  • Accompagner dans une pratique d’activité physique régulière,
  • Favoriser l’observance des différents traitements.

Ronflement

Le mécanisme du ronflement est comparable à celui du SAHOS. La diminution du tonus durant le sommeil en position allongée sur le dos crée une diminution du calibre des voies aériennes supérieures. Le flux d’air devient alors turbulent et les tissus de la gorge, dont principalement le voile du palais, vibrent bruyamment.

Parmi les traitements du ronflement, la kinésithérapie a prouvé son efficacité (vous trouverez en page bibliographie une revue de littérature sur le sujet).

Et vous ?

Testez votre ronflement et votre risque d’avoir un syndrome d’apnée du sommeil avec le questionnaire de Berlin.

Vous pouvez également évaluer votre somnolence avec le test d’Epworth.